poésie


La colère est une saison ( éd Tétras Lyre - fév.2015 )


La colère est une saison
Je me souviens
Le lendemain
On peut s’inventer une chair qui danse
Un sanglot tropical
Avec des violettes
Et des mots élastiques
On peut s’asseoir
A côté de soi-même
Et se chuchoter des histoires

D’abord
On peut rassembler ses doigts
Sur la table
Au milieu des lueurs de la lampe
On peut les supplier d’arrêter d’être vieux
Souffler comme poussière
D’usine
Les gouffres et les pierres
Du fond de la poitrine

Goûter des goémons
Par les oreilles
Et par les yeux
Etre un sentiment
De huit ans à peine


°°°

Je suis l’enfant d’où j’ai fleuri
Je suis une tache de fruit
Sur les luttes
Et sur le brouillard


La timidité du Monde
( Maelstrom - Déc.2012, extraits )


Des éclats de jais
Sur la plage anglaise
Roulent, petits yeux noirs
Chahutés par les doigts enfantins du ressac
Depuis des millénaires.
Je voudrais les compter,
Compter les cailloux et les millénaires
Avec mes pas
Mais il recommence à pleuvoir

                

Et je l’aime bien cette pluie
Sur la verrière
Ses pattes d’oie, et puis
Ses trains de marchandise
Je ne fuis que la bruine
Elle sent le chien qui pleure
Et certaines averses
Roulant, gorgées
De toute la bêtise des tambourins
Ce soir je bois
La bonne pluie des gouttières






Il faut du talent pour se taire
Ou de l’ennui
Mais quand on entend battre le ventre d’un désert
Sous ses pas
On voit les mots ramper vers le terrier des langues
Soudain
Les six mille langues du monde




Ton enfant s’est coupé le bord du rêve
En cherchant son ballon
Dans un gros brouillard à couteaux





tango du nord de l'âme -
30 vilains petits poèmes     Prix Delaby-Mourmaux 
(extraits)

( parution : MEO, janvier 2012 )

Ici
Les cloches de l’école
Battent
Comme têtes de morts


Quand ses vieilles oreilles rouges
Tètent les bruits de la ville
Il porte un regard en panier
Une main vaste ouverte
Et le bras tremblant
Un chemin coupé où l’on ne va plus





La tendresse est une araignée
Aux chélicères de soie
Ça n’empêchera pas mon pied de s’abattre




Du vin que je buvais sur ta langue
J’ai gardé ce goût de verre brisé




Mandarine
Chair à vif
Rencontre de lame et de fruit
L’orange sanguinaire
Et son goût d’amertume
Oh, ma petite épouse de table




Le temps soufflera
Sur le fer du lit
Et nous aurons froid




Je mange
La croûte noire
Du pain des noces
Et cette confiture d’adieu