lundi 15 avril 2013

extrait de "tu parles..."


          
25 langues meurent chaque année


"Qu’autant de langues soient gommées de la terre, ça me blesse. Un arbre arraché pour couler du béton, et que ce soit propre et lisse, ça me fait mal aux jambes. Là, une langue et son peuple aux oubliettes, tous les quinze jours, ça me crucifie. C’est pas tout le monde, il y en a qui s’en foutent. Je vais faire un bouquin sur ceux-là, d’ailleurs, je jure que c’est vrai, je vais faire un bouquin sur le droit de s’en foutre. Parce que c’est peut-être un droit. Mais moi, non, je peux pleurer pour un peuple exterminé, je peux pleurer pour une langue morte. Pas maintenant, pas comme ça, mais si je bois un petit peu, ou si je suis seul trop longtemps, alors je devine dans mes brouillards la solitude de cette vieille indienne qui parle toute seule la langue de son peuple assassiné, en disant« pourquoi moi ? » Et puis elle s’en va dans son immense solitude, prier les autorités américaines d’épargner sa terre en Alaska. Eh bien, si je l’avais en face de moi, si je croisais son regard déraciné, humilié, son grand regard d’oubli, avec ses mots que 7 milliards d’humains ne comprennent pas, je serais capable de lui demander pardon. Je pourrais. Il y a du pétrole en Alaska. C’est ça, le problème. Le pétrole. Et moi qui n’ai pas de voiture je pourrais lui demander pardon. Comme les Irlandais à leurs ancêtres. Comme le fera l’humanité un jour. Comme les petits-enfants des nazis que j’ai vu pleurer dans des bras juifs, au seuil d’un camp devenu musée. Il ne se peut pas qu’un jour les humains parlent tous la même langue. C’est le rêve des imbéciles. La même coiffure, déjà, ça ficherait la trouille. Alors la même langue… Non ?"

vendredi 5 avril 2013

Bonne fête, mouton!

Texte achevé ce matin. Il est entre les mains de l'illustratrice MARION DIONNET pour une seconde collaboration.

le début


          Ce matin, Ahmed et Arthur ont eu une grande conversation. Parce que, quand Arthur a dit  « à demain », Ahmed a répondu « non ».
            - Non, il a dit. Demain, je ne viens pas. Chez nous, c’est l’aïd.
            - La quoi ?
            - La fête du mouton.
            - Cooooool ! Tous les Arabes ils fêtent le mouton ?
           
            ... 

C'est le début d'une aventure, d'une rencontre, et d'un changement de regard. Et ça, c'est toujours à suivre.