vendredi 13 mars 2020


Corona…


Mais de quoi tu as peur ?

De contaminer un vieil homme qui trouve qu’un été de plus, ce serait une belles poignée de cerises en cadeau sur les gâteaux déjà reçus.

De ne pas accueillir les enfants, au petit matin, pour la leçon du jour, et le poème qu’ils ont étudié, et qu’ils réciteront jusqu’aux 3 avril pour être prêts, parce qu’ils l’aiment bien, ce poème. Ils n’ont pas tout compris, mais ça parle de l’été. Le prochain, celui qu’un vieil homme voudrait vivre encore.

De ne pas aller rire à la taverne de Trooz avec des potes qui ont besoin de rire parce que ce début d’année, avec les deuils, et toute cette pluie, ça fait des rivières brunes, et grasses, on n’a de la boue sur les souliers chaque jour, alors rire, et saluer des inconnus qui boivent leur café, comme ce vieil homme-là, dans un coin, qui rêve de l’été.

Du silence qui rampe.
De voir ceux que tu aimes se courber sous la fièvre et sous leur peur à eux, que tu devines.

De la solitude aigre qui va dormir dans les prisons et dans les homes.

D’oublier la frontière où les enfants meurent de froid.

De la bêtise des gros hamsters humains qui dévalisent une boutique.

C’est tout. Ce n’est pas une grande peur. Et la peur, ce n’est pas comme la mort d’un vieillard, ça peut se prendre dans les mains. C’est l’enfant. Tu peux bercer la peur et l’apaiser. Tu peux y mettre de l'été, des cerises.

Il y a de la beauté dans tous les combats humains.

De la beauté, n'est-ce pas? Et la beauté, ça se choisit, parfois.